Mardi 10 août 1999, 9h45 :

      Les autres dorment ! De l'aveu matinal de Pierre, qui s'est rendormi ensuite, Loïc et lui ont discuté jusqu'à 4 heures hier soir. Je me suis endormi bien plus vite que cela.

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Campement du dimanche avec linge en train de sécher... (8/8/99, vers 16h)
      Le voyage commence à repartir d'un bon pied. Dimanche fut une journée morne, où je n'ai même pas placé une grimpette sur le sommet avoisinant le campement, resté, c'est une première, 34 heures au même endroit.
Lundi à 8h, il était levé et nous avons marché d'une traite pour rejoindre Ullapool afin de prendre le ferry de 10h.

       Petit déjeûner (cher !) à bord, sieste pour Pierre et moi, et nous arrivons à Stornoway. Le temps est toujours tout comme à l'heure présente : assez froid, vent dominant d'est, grande nuée aérienne blanche-grise dans le ciel, entrecoupée de nombreux oasis bleus aux formes et tailles variées, un magnifique ciel typiquement écossais.

       On quitte Stornoway en direction d'un sentier noté sur la carte et, malgré des avertissements peu compris, on comprend tardivement que ce sentier passe près d'une décharge ! Changement de cap, on coupe à travers champ afin de rejoindre la route directe pour notre destination : les monuments mégalithiques entre Callanish et Carloway. Après bien 20 minutes - une demie-heure d'attente et quelques 5 voitures passées, on apprend d'un automobiliste au véhicule plein que cette route est très peu passante et que nous ferions mieux de revenir sur nos pas prendre la route de Tarbert qui offre un détour pour notre destination. Au bout d'une heure, nous revoilà au même carrefour, avec un progrès énorme tout de même : nous l'avons traversé !

       Aucun problème pour le stop une fois sur la route de Tarbert, on est très vite mené à Callanish par un archéologue d'Edimbourg travaillant justement sur le site !

      

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Vision de ces pierres millénaires, sous le ciel éternel de l'Ecosse séculaire. (9/8/99, vers 16h)

Une fois les pierres vues, on s'en va rejoindre le coffee-shop du Visitor Centre. Très belle vue sur un paysage de type irlandais avec des reliefs très denses et verdoyants entrecoupés de bras de mer. Il contraste avec les visions de landes totalement déolées qui accompagnèrent notre route entre Stornoway et Callanish. Landes que j'ai été le seul à apprécier, aimant leur nudité, leur aridité, leur déoslation.

       Ce coffee-shop était en fait un piège ! Une musique ensorcelante, chaude, lancinante, venue de nulle part nous maintenant sous son pouvoir léthargique. Après moults hésitations, il nous a fallu prendre une initiative afin de se libérer de ce mauvais sort qui fut à mes yeux l'apogée de l'inertie prolongée de ce week-end.

       On abandonne les pierres de Carloway, on rejoint les routes vers les falaises pour y être ce soir en stop ! En avant, marche !
       Et ça marche... Notre stop au milieu de nul part, sur une route où trois voitures passent en vingt minutes nous a mené à cette plage au -dessus de laquelle je me trouve à l'instant même où j'écris ces lignes.
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Pierre sur cette route en plein néant humain, menant nul part, venant d'un ailleurs aussi désert. (9/8/99, vers 17h)
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La plage sous le soleil couchant. (9/8/99, vers 22h)
Des hauteurs où je me suis perché, j'ai un panorama de presque 360° avec la mer et son incessant bruit de ressac, des îles, le nord de Lewis et ses landes très plates, de belles éclaircies à venir de l'est, et le sud de Lewis : Harris avec son relief bien plus accidenté. Juste au-dessus de moi, quelques moutons noirs.

       Aujourd'hui, nous devrions aller voir des falaises à l'extrême nord-ouest de l'île, en plein sur l'Atlantique. Nous n'en sommes pas loin et ressentons encore une fois ce sentiment de bout du monde.

       Le voyage a pris une bonne impulsion hier soir et je pense qu'il poursuivra sur sa lancée par la suite, dans la contemplation de paysages grandioses retrouvées.

      

10h25 : quelques mètres en contrebas de l'éminence dont je viens de descendre, le petit loch où j'ai fait la vaisselle et le silence... Bruit du bic sur le carnet, bourdonnement d'abeille, léger murmure lointain du ressac, très faible caresse du vent dans mes oreilles, passage de mouette au loin, le silence... Abrité du vent, isolé de la mer, le silence. Quelques clapotis mystérieux dans l'eau limpide à mes côtés. Le silence.

      
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