"Conclusions"(Quelques mois plus tard)

       A la relecture des pages de carnet, avec l'idée du regard critique d'un inconnu, j'ai relevé une quantité impressionnante de défauts : mauvaises expressions, redites, lourdeur... la liste est très longue. J'en ai corrigé quelques unes (je n'avais pas réussi à retrouver le mot, pourtant extrêmement simple, "sommet" et j'avais employé à la place une multitude de "mont" bien plus lourd et inadapté ; j'ai également corrigé quelques "panorama" que j'avais préféré sur le moment à vue), mais j'ai préféré rester le plus près possible du texte d'origine. Nombre de défauts ne se présentent qu'à la lecture d'une traite de toutes ces pages : c'est que je les ai écrites à des jours assez différents, sans me souvenir forcément de ce quoi traitait en détail, ou des expressions que contenait, la page précédente. C'est un carnet de route, pas un roman : on ne peut donc pas lui appliquer la même exigence de structure et d'écoulement d'un récit. Voilà l'idée (que j'avais tout de même besoin d'exprimer) qui me fait tomber mes dernières craintes à la publication web de ce texte.

       Passons sur la forme, pour revenir davantage au contenu. Par un souci de rendre complet ce récit de voyage, et l'affranchir en ce sens de la tyrannie de mes idées de cette époque, je pense utile de décrire sommairement les jours en dehors des Highlands.

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Avant l'embarquement à Roscoff. De gauche à droite : Pierre, Jean-Philippe, Olivier (moi) et Loïc. (1/8/99, vers 22h)
      Le dimanche soir et le lundi furent des journées de voyage pur. La traversée en ferry à partir de Roscoff se déroula sur une mer d'huile. Après s'être répété une vingtaine de fois sur le pont arrière du bateau que "ça sent le départ", et avoir assisté à un spectacle réussie de magie dont la seule originalité était l'ignominie de la musique utilisée, nous sommes allés nous coucher.
Le lundi, fraîchement débarqués sur le sol de Grande-Bretagne, tout juste arrivés à la gare, nous apprenons qu'un train part dans un quart d'heure pour Aberdeen. Nous voilà dans le train pour huit heures non-stop. Changements à Haymarket et Perth, arrivée à Inverness à la nuit tombante. Par un souci d'économie et dans l'idée qur tous les campings devaient être fermés à l'heure qu'il était, on est parti, après avoir constaté que toutes les auberges de jeunesse étaient pleines, vers l'extérieur de la ville, pour trouver un coin sauvage où camper. On s'est un peu perdus, et nous avons abouti dans une sorte de jardin public - terrain vague - piste de jogging à l'estuaire du Ness, avec la mer du nord qui entourait le presqu'île où nous nous étions retrouvés emprisonnés.

      Mardi matin, on a quitté prestement notre lieu de camping pour aller faire nos derniers préparatifs en ville. On a acheter les cartes, et de la nourriture qui vînt s'ajouter à celle déjà apporter de Brest. Pendant ces démarches, on a rencontrés deux lillois qui étaient au camping d'Inverness. Ils nous invitèrent à manger avec eux. Sur place, ils nous proposèrent de rester quelques jours au camping. Cliquez sur la photo pour obtenir une version agrandie
"Mardi matin, on a quitté prestement notre lieu de camping" (3/8/99, vers 9h ou 10h)
Après quelques instants de réflexions, on préféra rejeter leur proposition et prendre le bus pour Ullapool qui nous lança dans les Highlands vers seize heures. La suite est décrite à partir de la page du mercredi 4 août.

       Ce qui n'est pas décrit, c'est la période comprise entre le mercredi 18 août et le dimanche 22 :

       A notre arrivée à Inverness, décrite, avec le début de cette journée, dans la page du 18 août, après avoir planté nos tentes et déposé nos sacs au camping, nous sommes allés faire un tour en ville, entre autre afin que Loïc puisse peut-être trouver un pierceur. Ce fut bon, et il prit un rendez-vous. Les événements du jeudi et du vendredi se mélangent un peu maintenant dans mon esprit : je me rappelle qu'après avoir constaté qu'il nous était impossible d'aller passer une journée sur Londres (pour un problème complexe mêlant nos bourses à sec, l'obligation de payer un supplément couchette très cher dans les trains britaniques, la difficulté et le coût du logement sur Londres...), on décida de quitter Inverness le samedi très tôt le matin pour Edinbourg. On occupa les deux jours que nous avions sur cette ville, en allant voir Crawford Castle (cher et finalement décevant à part le portrait au fuseau d'une femme magnifique, de celle dont on ne peut détacher son regard, et la salle de l'arbre qui touche au merveilleux), en prenant un pot un soir dans un pub, en allant à la piscine à toboggans (ce fut mercredi soir si je me souviens bien, car on en profita pour se décrasser, après 2 semaines de randonnée sauvage et des douches se comptant sur les doigts d'une seule main), et Loïc en se faisant piercer.

       Samedi matin, réveil et départ très matinal (on devait être à la gare aux alentours de sept ou huit heures). Arrivés à Edimbourg, on file au camping pour planter nos tentes, et nous délester de nos sacs. Retour au centre ville, très animé car en plein festival tout le mois d'août. Je suis allé au Scottish Museum (très intéressant, mais il faudrait une journée complète pour pouvoir en profiter pleinement) pendant que Pierre et Loïc ont flâné dans ls rues. On s'est retrouvés ensuite au Virgin Megastore. La manière dont nous allions occuper la soirée fut sujet à un long débat, parfois houleux, et après être tombés sur une salle comble pour voir la Menace Fantôme, on s'est rabattu sur un excellent restaurant indien. Soirée très agréable qu'on termina en prenant le dernier bus pour le camping.

       Le dimanche fut le retour. Rien à en espérer à priori à part le plaisir intense de voyager et d'être assis à côté pendant bien huit heures à discuter. On eut beaucoup de chance car dans le groupement de quatre sièges où nous nous étions installés, un Ecossais à peine plus âgé que nous vînt prendre la quatrième place. Et on discuta tous les quatres pendant bien les trois quart du trajet, qui passa ainsi très rapidement. Puis ce fut le ferry, et notre arrivée à Roscoff avec Jean-Philippe et Lydianne (Pierre's girlfriend) comme comité d'accueil. Fin du voyage.

       Sur celui-ci, je crois qu'il est important de dire que, malgré toutes les critiques, les craintes, les angoisses, les petites douleurs, les moments parfois pénibles exposés en long, en large et en travers dans le texte du carnet, il ne faut surtout pas penser que ce voyage fut dans sa globalité un calvaire ! Quelques mois après le retour, il ne m'en reste que du bon. Je ressens surtout toute la liberté dont nous avons jouie, toutes les merveilles que nous avons vues, tous les endroits formidables où nous avons campés. Et surtout, il me reste avec émotion la très forte complicité, intimité qui s'est installée entre nous, comme une chose permanente, de tous les instants. C'était comme si, à mon sentiment, nos coeurs et nos esprits avaient presque réussi à affranchir totalement les fontières qui les séparaient les uns des autres. Et cette facilité de communication "profonde" se manifestait à chaque heure que nous passions ensemble. Le plus fort de ce voyage fut pour moi son aspect relationnel, une sorte de nouvelle couche de ciment placée sur les fondations de notre amitié.

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